Ma vie n'est pas des plus fascinantes : mariée, maman, avec un job plutôt intéressant.
Du grand classique !
Par ce blog, je partage mes idées, mes impressions, mes coups de coeur, mes coups de gueule... et le tout "en vrac" !

.... Bonne lecture !


mercredi 14 janvier 2015

S. a été enceinte (partie 2)

 


Le 2 janvier nous avions rendez-vous pour l'échographie des 12 semaines. Celle qui confirme la grossesse, celle où on s'assure que le bébé va bien, qu'il est en bonne santé.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment...
 
Je me pèse. Tiens que je n'ai pris que 500 grammes.
Bizarre.
Il y a pourtant eu les fêtes de fin d'année et son lot d'abondances et de festivités.
La gynéco passe son appareil sur mon ventre et mesure le bébé. Une fois. Deux fois.
Je lis les mensurations : 22.7 mm.
Quoi c'est tout ? ne devrait-il pas être entre 50 et 70  mm ???
Je vois ce tout petit corps recroquevillé, qui nous tourne le dos.
Je crois que j'ai compris ce qu'il se passe, mais j'attends qu'elle nous le dise. Je l'entends prononcer le décès du bébé, "il a arrêté de grandir, son activité cardiaque a cessé quelques jours après que nous nous sommes vus pour l'écho de datation".
D'un seul coup je me suis sentie hors du temps, j'avais besoin de remettre les mots qu'elle venait de prononcer dans le bon ordre pour en comprendre tout le sens.
J'avais perdu le bébé. Il n'était plus... enfin si, il était là, mort dans mon ventre depuis plusieurs semaines...
J'ai essayé de contenir mes larmes mais plus le médecin essayait de nous réconforter, plus la douleur grandissait, et j'ai fini par les laisser couler.
Mon bébé était parti. Il allait si bien ! On a entendu son cœur battre ! On l'a vu à l'écran ! Nooooon !
Il fallait désormais m'opérer pour retirer le bébé, car mon col était trop ferme et bien fermé pour que je l'évacue seule. Seulement on était vendredi. Je devais donc attendre le lundi suivant pour obtenir un rendez-vous pour l'opération.
 
Le week-end qui a suivi a été extrêmement long.
Le vendredi soir, lorsque je suis rentrée, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, je n'arrivais pas à m'arrêter. Je hoquetais sans cesse dès que je pensais au bébé, et au fait qu'il était parti. C'était comme un déchirement, comme si on m'avait arraché mon bébé. Sans compter le sentiment de culpabilité qui m'envahissait. Ai-je mangé ou bu quelque chose qui a mis le bébé en danger ? Aurais-je dû ralentir les déplacements ? Ai-je mis mon bébé en souffrance en prenant l'avion ? Aurais-je dû plus faire attention aux messages que mon corps m'envoyait ? plus de nausées, perte de l'appétit, libido qui pointe à nouveau le bout de son nez... J'ai mis cela sur le fait que le 1er trimestre se terminait... je n'y ai pas plus prêté attention...
Je me doutais pourtant que quelque chose n'allait pas : mon ventre ne grossissait plus.
Aurais-je dû lui parler comme je l'avais fait pour le 1er ? Oui pour mon loulou je me souviens et me vois encore lui dire régulièrement avant la 1ère écho :" si t'es toujours là, accroche-toi, ne pars pas, j'ai tant besoin de toi". Là j'avoue, je ne l'ai pas fait... pourquoi ? je ne sais pas mais je m'en veux.

Je me suis coupée de tout le monde. Je n'arrive pas à parler de cela... et puis j'en avais marre ! Marre d'entendre les mêmes mots, les mêmes discours. Oui j'ai conscience que c'est peut-être mieux ainsi, que la nature est bien faîte et que si en effet le bébé a une malformation, il vaut mieux que cela se passe avant les 3 mois de grossesse qu'après, et blablabla...
Mais moi ce bébé j'ai commencé à l'aimer, à imaginer notre vie avec lui, et c'est celui-ci que nous voulions !
Je croyais que vu tout ce qu'il avait vécu les 2 premiers mois dans mon ventre, il serait un bébé fort. Mais hélas ce n'était pas le cas, il n'était pas si fort...
Parfois je me surprends, entre deux crises de larmes, supplier qu'on me rende notre bébé, bien que je sache au fond de moi que c'est impossible.
Le soir au moment d'aller me doucher, j'observe mon ventre dans le miroir (moi qui déteste le regarder) en espérant  le voir grossir, et hurler que les médecins se sont trompés ! Et je caresse mon ventre en pleurant et en prononçant entre deux sanglots "excuse-moi"...
Je suis bousculée de pensées négatives. Pourquoi chantes-tu ? il ne t'entend plus. Quand mon fils rit aux éclats, je me dis que le bébé ne l'entendra jamais. etc.

Je me sens si seule... tellement seule face à mon chagrin, face à ma douleur...

J'ai appris le lundi que l'opération aurait lieu le vendredi de la même semaine. Encore 5 jours à attendre... C'est long... trop long ! Je veux qu'on me retire notre bébé mort en moi, je veux pouvoir faire mon deuil et je sens au fond de moi qu'il faut qu'il s'en aille, je dois le laisser partir physiquement maintenant. Il faut qu'il me libère maintenant pour que je passe cette 1ère étape...

La semaine a été longue. Le jour de l'opération arriva enfin.
J'ai subi cette journée. J'étais dans un état second. C'était comme-ci mon esprit avait quitté mon corps, pour ne pas vivre plus péniblement ce qui allait suivre. J'avais l'impression d'être vidée de toute émotion, de tout sentiment. J'étais ailleurs.
Cet état a duré 2 jours. L'anesthésie aidant. J'ai mis 2 jours pour reverser une larme, pour éprouver à nouveau du chagrin, pour comprendre ce qu'il venait de se produire.
Notre bébé nous avait quitté certes en décembre, mais là il était bel et bien parti. Plus aucun lien physique nous unissait. Seuls notre amour et nos sentiments sont restés accrochés à notre douleur, à notre petit cœur.
Nous repartons à zéro mais avec un lourd traumatisme, avec un nouveau chagrin, une nouvelle épreuve à surmonter.

Je sais que ce sera long à cicatriser, qu'il me faudra du temps pour espérer vouloir faire un autre bébé, mais je ne l'oublierai jamais. Nous ne l'oublierons jamais. J'aurais toujours une pensée pour notre bébé qui nous a quitté trop tôt, trop vite. Pour ce petit-frère ou cette petite-sœur que j'aurais pu donner à mon Loulou.
Heureusement que je l'ai, il me redonne envie de sourire et de croire à nouveau.
Je sais au fond de moi que je me remettrai de cette fausse-couche, que nous nous remettrons, que nous avancerons vers des jours plus heureux. Seul le temps soulagera nos peines.
Mais j'ose espérer que les mots d'une amie se révèleront vrais : que ce n'était qu'un coup d'essai et que le prochain bébé que nous ferons sera parfait, fort et en bonne santé.

Et parce qu'elle a bercée mon chagrin ces dernières semaines, qu'elle est le cri d'amour que je lance à mon bébé parti, ci-dessous la chanson que j'ai écoutée en boucle...

 

lundi 12 janvier 2015

S. a été enceinte (partie 1)



Tout a commencé peu après la mi-novembre.
Un soir j'ai ressenti une douleur qui me compressait la poitrine. Plus j'essayais de me raisonner, de me calmer, plus la douleur se faisait intense, ma respiration haletante, et cela a fini par se transformer par un malaise vagal.
J'ai été voir le médecin. A l'électrocardiogramme il n'y avait rien. Ouf ! mais elle me posa une question qui me perturba : "quand avez-vous eu vos dernières règles ?"
Moi : le 31/10 pourquoi ?
Elle : C'est trop tôt pour supposer que vous êtes enceinte. C'est le genre de malaise que l'on fait quand on attend un bébé.
 
Trop tôt, trop tôt... j'ai un cycle court de 21 jours, mes règles devraient donc arriver... demain ! tiens à surveiller.
Il est vrai que je suis extrêmement fatiguée mais cela peut être dû à mon boulot, que j'ai de l'acné comme si j'avais de nouveau 15 ans, et que j'ai l'impression d'avoir un petit bidon depuis quelques temps...
Le lendemain rien.
Le week-end qui suivi : rien.
Certains autres symptômes de la grossesse commencèrent à se manifester : nausées, seins douloureux, grande faim, etc. On ne s'enflamme pas. Faisons un test de grossesse...
Positif ! Yes !
Pour confirmer je fais une prise de sang... Positive !
Quoi ? je serais enceinte de 5 à 6 semaines ? Comment est-ce possible ? J'ai eu mes règles il y a 3 semaines ???
 
Je prends rendez-vous chez le gynéco pour faire une écho de datation et s'assurer qu'il n'y ait qu'un bébé. On avait peur comme le taux d'hormones était élevé que j'attendais des jumeaux.
Le 5 décembre, le verdict tombe : Il n'y en a qu'un. Il est là devant nous à l'écran. Il est beau, et son cœur bat la chamade. La gynéco m'annonce que je suis enceinte de 8 semaines.
 
Quoi ? 8 semaines ? J'ai donc raté 2 mois de ma grossesse ! 2 mois durant lesquels j'ai bu pas mal d'alcool, mangé n'importe quoi, eu beaucoup de stress, fait beaucoup de déplacements, pris l'avion pour aller à Brest, à Rome... Bref, 2 mois durant lesquels j'ai senti que quelque chose se passait en moi mais prise dans un engrenage de dingue je n'y ai pas prêté attention...
Je m'en suis voulue... mais à compter de cet instant, j'allais faire attention au bébé, à moi.
Plus d'alcool, plus de viande crue, de poisson cru ou d'œuf cru, de crustacés, de foie gras, de café, de sport, de port de charge lourde, etc. Désormais la santé du bébé passe en priorité.
 
Mon mari, heureux comme tout, n'attend pas les 3 mois révolus et annonce ma grossesse à ses amis. Bien que je ne le souhaite pas. J'ai toujours la crainte de la fausse couche. Je garde le secret tant bien que mal. Certains de mes collègues le devinent mais ils se comptent sur les doigts de la main. Je ne le dis pas encore à mes amies.
 
Nous sommes si heureux que nous faisons quelques plans sur la comète :
- et si c'était une fille ? ce serait bien comme nous avons déjà un garçon.
- Il va nous falloir faire quelques travaux pour accueillir le bébé, il nous faut une chambre supplémentaire.
- Et s'il naissait le 19 juillet ? Ce serait génial ! Il naîtrait le même jour qu'un ami dont l'un des fils est né le er juillet comme mon mari !
- etc.
 
Nous sommes aux anges. Nous imaginons notre future vie à 4...
J'attends avec impatience que mon ventre s'arrondisse afin de ne plus cacher ma grossesse et annoncer à mon Loulou qu'il aura prochainement un petit frère ou une petite sœur...
 

samedi 3 janvier 2015

Serait-ce la goutte d'eau ?


Mon travail est passionnant et il accapare tout mon temps.
Il me monopolise tellement que j'ai bien souvent du mal à faire certaines choses et à accorder du temps à mes proches.
Depuis le mois de septembre dernier, mon rythme professionnel s'est accéléré. Le temps a commencé à me manquer même professionnellement. J'ai passé mon temps en déplacement. Il ne se passait pas une semaine sans que je ne sois partie sur les routes, sans que je n'ai découchée... laissant de côté ma famille parfois, souvent en fait ...
Malgré la fatigue, malgré le stress, malgré les reproches, malgré le comportement de mon fils j'ai tenu le rythme soutenu. Pourtant je sentais de plus en plus monter en moi un certain ras-le-bol, une envie de plaquer ce job qui me bouffait la vie.
 
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est arrivée.
Mon loulou passait sa 1ère barrette au judo la 3e semaine de décembre. C'est en quelque sorte le 1er grade à passer (bien avant la ceinture jaune) - Oui, bien qu'il n'ait que 3 ans nous avons trouvé un club qui les prend si petit - et malheureusement je ne pouvais assister à ce moment important pour lui, car j'étais à nouveau en déplacement. Foutu job !
Alors que mon petit cœur passait sa 1ère barrette, j'étais à 500kms de lui.
Impossible pour moi de reporter mon déplacement, il était imposé par ma direction.
Je me suis mordue les doigts d'être loin de mon fils et de mon mari, de ne pouvoir partager cet instant important.
Je me suis consolée en regardant les vidéos prises par mon homme, mais cela n'a fait que panser temporairement ma peine.
 
Ce boulot me prend trop temps, du temps que je suis sensée passer avec les miens
Ce boulot me prend toute mon énergie, à tel point que je suis tellement fatiguée, que je n'ai pas la force de faire des activités avec mes hommes.
Ce boulot me bouffe.
 
J'ai déjà manifesté lors de mon entretien individuel mon désir de changer car après 6 ans au même poste je ressens une lassitude, un ennui. Mais ce n'est rien par rapport à l'impact qu'il a sur ma vie familiale.
Chacune de mes décisions personnelles dépend de mon travail.
Quand mon mari me dit "la semaine avant Noël cela serait bien qu'on parte à New York", je lui réponds connement "ah non ça tombe mal, c'est la semaine où j'ai mes réunions, tu sais celles...". Au lieu de me réjouir du projet et de dire "merde" à mon taff...
Et quand j'apprends que mon fils passe sa barrette et que je regarde mon planning, je regrette amèrement de faire le job que je fais.
Combien d'autres moments vais-je encore rater à cause de mon travail ?
Encore combien de fois vais-je devoir annoncer à mon loulou que sa maman doit encore partir plusieurs jours pour le travail ?
Encore combien de fois vais-je mettre de côté ma vie personnelle à cause de mon emploi ?