Ma vie n'est pas des plus fascinantes : mariée, maman, avec un job plutôt intéressant.
Du grand classique !
Par ce blog, je partage mes idées, mes impressions, mes coups de coeur, mes coups de gueule... et le tout "en vrac" !

.... Bonne lecture !


jeudi 29 décembre 2016

S. n'est pas qu'un utérus sur pattes



Dès que j'ai été en âge de procréer (autrement dit vers 13 ans), on a eu de cesse de me rappeler que maintenant je pouvais avoir des enfants. Donc il fallait absolument me mettre en garde contre cela ! On ne m'a bien entendu pas parler de sexualité, de rapports sexuels, de MST, de plaisir, d'orgasmes et encore moins de clitoris ! Surtout pas malheureuse ! Non ! à 13 ans tu peux potentiellement avoir un enfant donc on va te parler de contraception, et ce jusqu'à ce que tu aies vu un gynéco et que tu prennes la pilule. 
On m'a ensuite laissée tranquille.
Ouf ! Ras-le-bol de leur discours sur comment on fait les bébés. La prof de SVT s'en chargeait très bien !

Plus tard, lorsque j'ai atteint mes 25 ans, ma belle-mère a commencé à me mettre la pression pour que je lui fasse un petit-fils ou une petite-fille. Curieux tiens ! ça fait 10 ans qu'on me bassine sur le fait qu'il faut que j'évite d'avoir un enfant car trop jeune, trop tôt, étudiante, pas de mec, pas de job, etc. Et là, parce que j'ai passé le quart de siècle, il faudrait que je songe, que dis-je ! que je fasse un gosse ! J'avais l'impression d'être passée de jeune fille/femme à utérus sur pattes ! Comme si tout à coup la santé de mon utérus était plus importante que ma propre santé à moi.
Et si je n'avais pas envie ? Si je préférais profiter encore de la vie ? sortir, partir en weekend, faire la fête, être libre, me stabiliser professionnellement, et amoureusement ? 
A chaque fois, que mon homme et moi disions à un proche ou des amis que nous avions une nouvelle à leur annoncer, tout de suite c'était : "t'es enceinte ?". Non, on a trouvé un super appart, j'ai eu une promotion, B. a trouvé du boulot, on se marrie, etc. (rayer la mention inutile). Mais non je ne suis pas enceinte. 
N'y aurait-il que ça qui intéresse ?

Puis on s'est marié. Et là ce fût pire ! Forcément on allait faire un bébé tout de suite après le mariage. La pression était encore plus forte. On était sans cesse harcelé de questions : "à quand le bébé ?", "oh tu ne bois pas, t'es enceinte ?". Non j'ai juste pris un cachet car j'ai mal à la tête rien que de savoir que vous allez me prendre la tête avec vos questions débiles sur mes menstruations, ma fécondité... Les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est agaçant d'avoir ce type de questions. Nous ferons bien un bébé quand nous le voudrons et quand on en aura envie (et surtout quand la nature l'aura décidée... très important ce facteur-là pour la conception d'un bébé). Cette curiosité malsaine finissait par me mettre mal à l'aise, et m’énervait. Cela ne regardait personne. Même si c'était la famille ou les amis. C'était quelque chose que j'avais envie de vivre tranquillement, sans pression, seule avec mon homme.

J'ai fini par être enceinte de notre 1er enfant. 
Je n'avais même pas accouché, que déjà on me parlait du 2e ! Mais mince ! Laissez-moi mettre au monde mon bébé, et on verra plus tard si on en fait un 2e ! Et si 2e enfant il y a ! On dirait que nous, les femmes, nous ne servons qu'à procréer, que nous ne sommes bonnes qu'à ça. A peine le 1er enfant dans les bras, qu'on vous questionne "alors c'est pour quand le 2e ?", "vous en voulez bien un 2e ?" ou encore "faut faire le 2e pour avoir la fille !" (et inversement si vous avez déjà une fille...). Et cet harcèlement a duré 3 ans...

Après ma fausse-couche, ils ont cessé de nous envahir de leur questions gênantes, comme si le fait d'avoir perdu un bébé crée une bulle de protection autour de la maman et de son utérus. Par pudeur, ils nous laissé tranquille jusqu'à l'annonce d'une nouvelle grossesse... Et là c'est reparti de plus belle ! Bébé n'était toujours pas là que les questions fusaient et se sont amplifiées. Nous attendions un 2e garçon ! "Quoi ? il faudra faire le 3e pour avoir la fille !" Comme si c'était une nécessité d'avoir des enfants de sexe différent ! Et si nous, ça nous allait bien d'avoir deux petits gars ?
Le pire c'est que tu as beau répéter qu'il n'y aura pas de 3e enfant (sauf accident mais tu fais tout pour que cela n'arrive pas !), ils n'entendent rien... "C'est pour quand le 3e ?", j'imagine que si t'en as 3, on te demande pour le 4e, et ainsi de suite... Je vous le dis : nous les femmes nous ne sommes bonnes qu'à procréer... des utérus sur pattes... "la prochaine fois..." Il n'y aura pas de prochaine fois... On a l'impression qu'ils n'écoutent pas. Ils entendent, mais ne veulent pas accepter qu'on s'arrête là.

C'est quand même nous les femmes qui portons les bébés dans nos ventres durant 9 mois et subissons tous les désagréments de la grossesse... Entendre encore de nos jours qu'une femme est dans l'obligation de faire des enfants, et plusieurs m'agace. Nos grands-mères et nos mères se sont battues pour nos droits et  libertés. Nous ne sommes pas que des machines à procréer. Nous pouvons nous accomplir dans tellement de rôles et dans tellement de domaines ! Alors laissez notre utérus tranquille, et acceptez que notre entre-jambe puisse servir à autre chose. Avoir du plaisir par exemple 😊