Ma vie n'est pas des plus fascinantes : mariée, maman, avec un job plutôt intéressant.
Du grand classique !
Par ce blog, je partage mes idées, mes impressions, mes coups de coeur, mes coups de gueule... et le tout "en vrac" !

.... Bonne lecture !


mardi 30 août 2016

Elle met du vieux pain sur son balcon



Assise à son balcon, elle épluche comme de coutume ses légumes. Les enfants jouent en bas. Certains jouent au foot, d'autres se promènent en trottinette, quant aux autres ils prennent des bambous pour des sabres et s'amusent à Star Wars. Elle adorent les regarder s'amuser. C'est l'un de ses passes-temps favoris, surtout depuis qu'Arthus est parti. La maladie l'a emporté il y a de ça quelques mois, lui laissant un grand vide dans sa vie. Tom est bien entendu resté à ses côtés quelques semaines. Mais son travail l'a rappelé en Chine. Il a dû la quitter à son tour. Ce n'est pas les quelques minutes par semaine à échanger avec lui et ses petits enfants sur Skype qui comblent la solitude qui l'entoure depuis le décès de son mari. Alors les familles avec enfants  qui viennent l'été à la résidence sont une vraie bouffée d'air frais.
Certes, elle ne les approche guère. Elle ne sort que très rarement. La chaleur l'accable et la fatigue énormément. Mais rien ne l'empêche le soir venu de se divertir en les observant jouer de son balcon. Elle a l'impression de faire partie un peu de leur famille. Souvent, elle arrive même à connaître leur prénom.

Cette année, il y a un petit garçon blond à lunettes rouges qui retient particulièrement son attention. Il doit avoir 4 ou 5 ans tout au plus. Il parle fort. Très fort. Au grand désespoir de ses parents, qui ne cessent de lui demander de baisser d'un ton. Il semble avoir un petit frère. Un bébé de quelques mois. Mais elle ne l'a jamais vu. Le petit garçon est plein de vie. Il bouge sans arrêt, court de partout. Il semble heureux et excité d'être là en vacances. Ses parents n'arrivent pas à la canaliser. Non pas qu'ils aient des problèmes d'autorité. Non, elle sait reconnaître les parents dépassés. Le petit garçon semble au contraire ne vouloir en faire qu'à sa tête. Elle comprend aisément la crainte des parents. Même si la résidence est fermée, on n'est à l'abri de rien. Elle a vu au journal télévisé qu'un petit garçon a été kidnappé vers Mâcon. Alors elle comprend très bien que les parents ne veulent pas que leur enfant s'éloigne. Elle se souvient que cette peur l'a envahie longtemps lorsque Tom était enfant.

Ce petit garçon aux lunettes rouges est amusant. Dès qu'il voit un autre enfant s'aventurer dans le coin, il crie à ses parents "oh j'ai un copain ! j'y vais !", et file rejoindre le "copain" en question. Bien souvent il ne connaît pas les autres enfants. Mais il s’incruste sans aucune difficulté et joue avec eux. C'est impressionnant cette facilité de se lier aux autres. Aucune crainte ne s'élève devant lui. Il fonce et il est accepté par les autres. Les enfants sont formidables. Ils ne jugent pas. Ils sont attirés les uns vers les autres comme des aimants. Aucune barrière sociale entre eux. Ils sympathisent sans aucune difficulté. Même si certains sont plus timides que d'autres, il y en a toujours un pour faire le 1er pas. 
Dommage que cette insouciance et cette tolérance n'existe plus lorsqu'on devient adulte.

A l'adolescence, on commence par se jauger. A l'âge adulte, un âge qui devrait être de raison, on ne va plus vers les autres. Pourtant on aurait tout à apprendre des enfants. C'est eux qui sont une vraie leçon de vie. Elle se souvient quand Tom était enfant et l'emmenait au parc. Les mamans oubliaient ces barrières et discutaient entre elles. 
Les enfants ont ce pouvoir d'enlever les obstacles et de permettre aux parents d'aller les uns vers les autres. C'est pourquoi elle aime tant les observer. Elle admire leur innocence. Le petit garçon blond aux lunettes rouges reflète exactement cela. Hélas cette innocence finira un jour par s'éteindre. Elle leur souhaite que cela soit le plus tard possible.